« Chirurgie des cancers du sein : la reconstruction immédiate, pourquoi, pour qui, comment ? »
Décider d’une reconstruction mammaire après une ablation du sein est un choix très personnel. Mais pour faire ce choix, encore faut-il être bien informée. C’est tout l’objet de cette webconférence, organisée par Patients en réseau avec Le Dr Nicolas Leymarie, chef de service de chirurgie plastique oncologique et reconstructrice à l’Institut Gustave Roussy et Anne Garreau, kinésithérapeute à Bourg-la-Reine, du réseau RKS (Réseau des Kinés du Sein). Ils nous parlent de la reconstruction immédiate, aujourd’hui proposée même en cas de traitement par chimio et radiothérapie. Sandrine et Céline, deux patientes qui ont choisi ce type de reconstruction, nous livrent leur témoignage.
Être atteinte d’un cancer du sein, cela signifie souvent devoir subir une mastectomie. Se posent alors ces questions : vais-je ou non reconstruire mon sein ? Opter pour une reconstruction immédiate ou différée ? Choisir une prothèse ou une technique qui utilise mes propres tissus ? Seules 30% des femmes décident d’une reconstruction. Certaines ont un avis tranché dès le départ, d’autres hésitent. « La proposition d’une reconstruction immédiate arrive très tôt dans le parcours de soin, ce qui laisse peu de temps pour faire un choix », observe Laure Guéroult-Accolas, fondatrice et directrice de Patients en Réseau. La bonne nouvelle, c’est que les techniques évoluent très vite. « Il y a encore dix ans, la reconstruction immédiate était réservée à une toute petite catégorie de patientes, qui n’avaient pas de chimio ni de radiothérapie. Aujourd’hui, elle est proposée même en cas de traitement complémentaire, explique le Dr Nicolas Leymarie. Les seules contre-indications sont le cancer du sein inflammatoire, et chez certaines patientes qui présentent plusieurs facteurs de risque de complication dans les suites de l’intervention ».
Les bénéfices de la reconstruction immédiate
Opter pour une reconstruction immédiate permet d’éviter de vivre plusieurs mois avec une asymétrie et un thorax plat. Cela améliore également la qualité des résultats à long terme. « Lorsque la reconstruction est réalisée après les traitements, les tissus ont été abîmés par la radiothérapie. On voit alors des fibroses, des adhérences, des douleurs chroniques et on n’arrive pas à atteindre un niveau de résultat excellent », souligne le Dr Leymarie. De plus, la reconstruction immédiate permet souvent de conserver le mamelon et l’aréole. Quant au niveau de sécurité, il est le même qu’avec une chirurgie différée. « Les données de la littérature montrent qu’il existe le même risque de récidive que l’on fasse ou non une reconstruction immédiate. On n’observe pas non plus de retard dans la détection de ces récidives », insiste le Dr Leymarie.
Prothèse ou reconstruction avec ses propres tissus ?
Le choix de la technique de reconstruction dépend du souhait de la patiente, des traitements qu’elle a reçus et du chirurgien, en fonction de sa maîtrise des différentes techniques. « En cas de radiothérapie, on opte plutôt pour une reconstruction par prothèse », indique le Dr Leymarie. Cette technique nécessite généralement 3 interventions, espacées de 3 ou 4 mois : une pour améliorer les imperfections du sein reconstruit, une autre pour ajuster la symétrie des deux seins, et une dernière pour la reconstruction de l’aréole et du mamelon. « Pendant longtemps, les prothèses étaient posées derrière le muscle de la paroi thoracique. On les place maintenant devant le muscle, ce qui supprime la sensation de tension au niveau du sein et apporte un meilleur confort aux patientes. Cela permet également de réduire la durée de l’intervention chirurgicale », précise le Dr Leymarie.
Autre technique proposée, la reconstruction immédiate à partir des propres tissus de la patiente, prélevés sur différentes parties du corps selon sa morphologie : ventre, dos, fesse, ou encore face interne des cuisses. Cette reconstruction présente l’avantage d’être définitive. Elle permet d’obtenir un sein souple, chaud, et potentiellement de retrouver une sensibilité. Il existe aussi une technique par transfert de graisse grâce au lipofilling. La graisse est aspirée avec une canule, puis purifiée. Elle est utilisée soit pour reconstruire entièrement le sein, soit en complément d’une prothèse. De nombreuses recherches sont menées actuellement pour amplifier ou stocker la graisse, en vue de réinjections progressives.
L’importance des soins de kinésithérapie
« Courez voir votre kiné, ça fait partie de la guérison, c’est nécessaire pour retrouver toute sa mobilité ! », tel est le mot d’ordre de Céline, qui a choisi une reconstruction immédiate car elle ne se voyait pas sortir de l’hôpital avec la sensation d’être ‘mutilée’. La prise en charge par un kinésithérapeute spécialisé, formé à la sénologie, est importante car elle permet d’une part de répondre aux nombreuses questions que se posent les patientes, et d’autre part de donner des conseils sur les mouvements à effectuer après la chirurgie.
« Quelle que soit le type de reconstruction, on travaille sur la respiration, la récupération de l’amplitude de l’épaule. Puis progressivement, la rééducation devient globale avec des mouvements de tout le corps. On prépare les femmes à reprendre une activité physique, explique Anne Garreau. Selon le type de chirurgie, on masse les cicatrices pour qu’elles soient bien souples, ne deviennent pas douloureuses et qu’il n’y ait pas d’adhérence ». L’idéal est de voir le kinésithérapeuthe lors d’un bilan pré-opératoire, ou sinon dans la semaine qui suit la mastectomie. « Lorsqu’un lipofilling est réalisé, on peut recevoir les patientes dès le lendemain pour atténuer les hématomes et les douleurs », ajoute Anne Garreau. Mais il n’est pas toujours facile de trouver un kinésithérapeute spécialisé près de chez soi. On peut s’aider pour cela de l’annuaire fourni par Le Réseau des Kinés du Sein (RKS).
La reconstruction immédiate : une technique peu connue
En France, seules 13% des patientes bénéficient d’une reconstruction immédiate. Souvent, ce n’est pas parce qu’elles l’on refusé, mais parce qu’elle ne leur a pas été proposée. « C’est moi qui ai posé la question de la reconstruction immédiate au chirurgien, car cela ne faisait pas partie de ses propositions de soin, témoigne Céline. Il me l’a alors clairement déconseillé. Selon lui, c’était mieux de subir l’ablation complète pour mieux apprécier la reconstruction ! Je me suis adressée à un autre centre et là j’ai pu me faire opérer. Tout s’est très bien passé et je suis vraiment ravie ». Il existe en effet une grande disparité des propositions selon les centres de soin. Pour y voir plus clair, la HAS (Haute Autorité de Santé) a créé une plateforme intitulée ‘Reconstruction mammaire : de la décision à la réflexion’, permettant notamment de rechercher les lieux qui proposent ce type de chirurgie.
Alors quelle que soit votre décision, sachez que la meilleure d’entre elle est celle qui correspond le plus à vos attentes !
Retrouvez notre webconférence du 20 Octobre sur le thème : Chirurgies des Cancers du Sein, la reconstruction immédiate, pourquoi, pour qui, comment ? avec :
Ce programme a été proposé par notre association Patients en réseau et Dis-Moi Santé
Ce programme a été rendu possible par le soutien institutionnel de : Astra Zeneca, Lilly, Novartis, Pfizer, Roche, Veracyte
Auteur : Sandrine Chauvard
Source : Patients en réseau et Dis-moi Santé