Prendre soin de vous après un acte de chirurgie mammaire et/ou axillaire - Conseils

PRENDRE SOIN DE VOUS APRÈS UN ACTE DE CHIRURGIE MAMMAIRE ET/OU AXILLAIRE

Après votre intervention chirurgicale, votre corps va peu à peu récupérer sa mobilité et sa souplesse pour accomplir les gestes de la vie courante.

Vous pourrez aussi, si vous le souhaitez, reprendre, ultérieurement, une pratique sportive. Ceci n’est qu’une question de temps. Une rééducation méthodique et raisonnable peut vous aider à récupérer plus facilement et plus rapidement cette aisance dans vos mouvements.

Pendant votre hospitalisation, un masseur kinésithérapeute peut surveiller l’amplitude des mouvements de votre bras et de votre épaule dès les premiers jours qui suivent l’intervention. Des mouvements simples de votre bras peuvent aussi être pratiqués régulièrement en dehors des séances de kinésithérapie pour accélérer la convalescence.

UNE RÉÉDUCATION, POUR QUOI FAIRE ?

La kinésithérapie repose sur le traitement par le mouvement. Elle a pour objectif de soulager, entretenir, restaurer et adapter la gestuelle. Le diagnostic du masseur kinésithérapeute, peut vous permettre d’être à l’écoute de votre corps, pour déceler très tôt des gênes ou des raideurs dans l’accomplissement de certains mouvements. Il s’agit de travailler ces difficultés en douceur pour regagner de la mobilité et une aisance fonctionnelle. C’est pourquoi on parle souvent de rééducation.

Cette prise en charge est particulièrement indiquée après votre intervention chirurgicale notamment pour éviter les risques de diminution de l’amplitude des mouvements, du cou ou du membre supérieur.

POURQUOI LA KINÉSITHÉRAPIE EST-ELLE PARTICULIÈREMENT INDIQUÉE ?

Quelle que soit l’opération pratiquée, tumorectomie, mastectomie avec prélèvement des ganglions de l’aisselle, curage axillaire isolé ou prélèvement du ganglion sentinelle, l’intervention chirurgicale peut causer un enraidissement de l’épaule et limiter vos gestes au niveau du bras.

Pour éviter ce risque, les masseurs kinésithérapeutes surveillent, pendant votre hospitalisation, les éventuelles diminutions de l’amplitude des mouvements de l’épaule liées notamment à l’intervention récente.

La douleur et la gêne lors de ces mouvements sont surtout causées par la chirurgie ganglionnaire. Le curage axillaire peut entraîner une limitation de l’élévation du bras qui peut durer plusieurs semaines.

Pour limiter ces risques, les masseurs kinésithérapeutes vous proposent de mettre en place une kinésithérapie douce, associée à des exercices de respiration et des massages visant à décontracter la région cervicale et l’épaule concernée.

Le système lymphatique

C’est un réseau circulatoire qui draine le liquide situé dans les tissus, mais aussi des cellules et des corps étrangers présents dans l’organisme. Il joue aussi un rôle fondamental dans les défenses immunitaires car il transporte les cellules protectrices de l’organisme.

L’évolution des techniques chirurgicales, la radiothérapie plus précise et quelques précautions diminuent aujourd’hui considérablement la fréquence des complications liées au dysfonctionnement du système lymphatique.

Une surveillance supplémentaire permet de vérifier l’apparition d’un oedème du bras.

QUAND DÉMARRER CETTE RÉÉDUCATION ?

Dès le lendemain de votre intervention, un masseur kinésithérapeute de pourra surveiller les suites post-opératoires pour évaluer la nécessité de séances de rééducation. Au cours de ces séances, de petits exercices simples de mouvements du bras seront présentés. Vous pourrez ensuite les pratiquer, seule, progressivement et quotidiennement.

Ce programme individuel et spécifique, établi avec l’équipe de l’unité de réadaptation fonctionnelle, repose sur des objectifs correspondant à vos attentes, en fonction de ce que la rééducation pourra vous apporter.

Cette sorte de pacte individuel vous permettra aussi de discuter des priorités qui sont les vôtres. Redonner une autonomie articulaire et musculaire à un membre, de la souplesse à une cicatrice ou bien encore une aisance dans les mouvements quotidiens exige une écoute globale du corps.

Si cela vous est nécessaire, votre chirurgien peut vous prescrire des séances de rééducation post-opératoire pour poursuivre ce travail après votre hospitalisation. Les masseurs kinésithérapeutes de ville peuvent vous aider à retrouver cette souplesse et ce confort dans le mouvement.

Il n’y a jamais de prescription de drainage lymphatique dans une situation postopératoire immédiate.

COMMENT ACCÉLÉRER VOTRE CONVALESCENCE ?

Une rééducation active, régulière et progressive de l’épaule et du bras augmente et accélère la récupération totale de l’ensemble de vos possibilités physiques.

Néanmoins, l’utilisation de poulies et poids qui vous entraînent dans une recherche de l’effort, est interdite, ne correspondant pas à ce qu’il convient de mettre en place dans votre cas.

Quelques principes indispensables doivent être respectés tout au long de votre rééducation.

Il ne s’agit pas d’aller trop vite pour gagner du temps.

Respectez votre douleur : ces exercices doivent vous permettre de repousser petit à petit les limites de ce que vous pouvez supporter. Il s’agit simplement de déceler l’amplitude de l’action pour faire travailler vos muscles sans gêne, ni sensation désagréable.

Ne cherchez pas l’amplitude extrême : les gestes qui vous sont conseillés ne doivent pas être réalisés à fond. Ces exercices sont progressifs selon ce que vous ressentirez.

Effectuez, de façon progressive selon votre ressenti, des mouvements actifs, lents et non brusques

Tous les efforts brusques entraînent des résultats inverses au but recherché par le mécanisme de rétraction douloureuse et restent absolument proscrits.

Vous en profiterez pour développer votre respiration.

Le rythme de la respiration sera adapté aux différents exercices et facilitera votre progression.

 QUELS SONT LES EXERCICES CONSEILLÉS ?

Pour vous aider dans cette récupération, vous pouvez suivre un programme progressif.

VOTRE PROGRAMME SOUPLESSE ET PRÉVENTION

Ces mouvements à pratiquer doivent être lents, symétriques, sans charge ni à-coups et associés à une respiration contrôlée. Ce programme pourra débuter dès le lendemain de votre chirurgie.

Nous vous conseillons de réaliser 10 fois chaque exercice et ceci 2-3 fois par jour.

Pour les exercices de l’étape N° 1 à 4, se mettre assise, les mains sur les genoux, le dos bien droit.

ÉTAPE N°1 : VOTRE COU

> La flexion extension

Regardez vers le sol en soufflant puis redressez la tête et dirigez votre regard vers le plafond en inspirant.

> La rotation

Ensuite, vous poursuivrez en tournant lentement la tête à droite en soufflant, puis en inspirant pour revenir à la position de départ. Renouvelez le mouvement en tournant lentement la tête à gauche en soufflant.

> L’inclinaison latérale

Pour finir, vous pencherez doucement la tête en rapprochant l’oreille droite de l’épaule droite, inspirant pour revenir à la posture initiale, puis l’oreille gauche de l’épaule gauche, toujours en soufflant au début du mouvement.

ÉTAPE N°2 : VOS MAINS

> L’abduction adduction

Il s’agit d’écarter les doigts des mains en soufflant avant de les rapprocher de nouveau en inspirant.

> La flexion extension

Ouvrir la main en soufflant puis la refermer en inspirant.

> La prono supination

Pour terminer, pliez les coudes. Orientez la paume de votre main vers le sol en

soufflant avant de la tourner lentement vers le plafond en inspirant.

ÉTAPE N°3 : VOS POIGNETS

> La flexion extension

Il s’agit d’abord de fléchir votre poignet vers le sol en soufflant puis de le redresser et de l’étendre en inspirant.

ETAPE N°4 : VOS COUDES

> La flexion extension

Il s’agit d’abord de plier le coude en soufflant puis de l’étendre en inspirant en direction du sol.

Pour les exercices à venir, se mettre assise, le dos bien droit, le menton rentré vers le cou et les épaules basses. Les bras pendent le long du corps.

ETAPE N°5 : VOS ÉPAULES

> Le haussement

Il s’agit de lever les deux épaules vers le plafond en inspirant puis de les abaisser lentement en soufflant.

> L’enroulement

Vous serrerez d’abord les épaules en arrière, en inspirant, puis vous les projeter en avant en soufflant.

> La circumduction

Vous décrirez de petits cercles simultanément avec vos deux épaules.

> La flexion extension

Vous placerez votre main sur l’épaule, avant de lever le coude vers le plafond en inspirant puis l’abaisser en soufflant.

> L’abduction adduction

Garder votre main sur l’épaule puis élever le coude sur le côté en inspirant et l’abaisser en soufflant.

Lorsque le programme souplesse et prévention est pratiqué avec aisance et que ces mouvements ne vous posent plus aucune difficulté, vous pourrez alors poursuivre, en effectuant régulièrement les exercices suivants qui synthétisent les gestes de la vie quotidienne :

> Mouvement fonctionnel

Nous vous conseillons un exercice qui associe tous les précédents dans un mouvement global du membre supérieur :

Poser successivement votre main, sur le genou, sur l’épaule opposée puis sur la nuque et sur le haut de la tête avant de le tendre vers le plafond.

> Exercices d’auto-posture

Dans la position allongée sur le dos, bras le long du corps, porter vos mains au dessus de votre tête. Cet exercice est à pratiquer de façon lente, sans charge ni à-coup et associée à une respiration contrôlée.

QUELLES SONT LES PRÉCAUTIONS À PRENDRE ET LES GESTES À EXÉCUTER

DANS VOS ACTIVITÉS DE LA VIE QUOTIDIENNE ?

Une surveillance particulière

N’exposez pas vos cicatrices au soleil pendant les premiers mois qui suivent l’intervention.

En cas de blessure au niveau de la main, lavez-vous les mains puis désinfectez avec un antiseptique autre que de l’alcool.

Prévenez les soignants pour si possible éviter les injections, perfusion, prises de sang, vaccin. Évitez de même les compressions, prises de tension artérielle, du côté opéré.

Évitez aussi les vêtements serrés, bagues ou bracelets trop étroits

Evitez les ports de charges lourdes du côté opéré.

Des précautions à prendre au jour le jour

• Éviter de tirer et de pousser de façon répétitive dans le cadre de vos activités quotidiennes.

• Le tricot, le repassage et le ménage ne sont pas recommandés dans un premier temps. Par la suite, ils pourront être exécutés de façon modérée.

• Pour faire la vaisselle, les épluchages ou lors de l’utilisation de produits détergents qui abîment la peau : porter des gants de caoutchouc

• Pour les travaux de couture : utiliser un dé à coudre pour éviter les piqûres.

Lors de vos soins de beauté, soyez particulièrement attentive lors des soins de manucure :

• veillez à ne pas arracher de petits bouts de peau.

• à l’occasion des épilations du bras ou des aisselles, privilégier un rasoir électrique destiné à cet usage.

Nous recommandons aussi de choisir avec précaution des vêtements amples.

Évitez les soutiens-gorge à bretelles étroites et veillez ne pas le régler trop serré.

Porter un enfant

Pour prendre un enfant dans vos bras, il est conseillé de s’agenouiller en s’accroupissant, de le ramener contre soi avant de se redresser par la force des membres inférieurs en portant l’enfant sur la hanche du côté non opéré.

En voiture

Pour éviter un frottement désagréable de la ceinture de sécurité, vous pouvez glisser un coussinet entre la ceinture et votre thorax.

En avion

Il est recommandé de porter un manchon (une contention élastique qui empêche le bras de gonfler). Ce manchon est à enfiler sur le bras du côté opéré.

Activité physique

Utiliser un manchon pendant l’effort. Si après l’effort, vous avez l’impression que votre bras à tendance à gonfler, le positionner en déclive (votre kinésithérapeute vous montrera la position la plus adaptée).

Des gestes de la vie courante peuvent aussi vous aider à prévenir la raideur de l’épaule

Au moment de la toilette

Se laver le dos, la nuque et les épaules, se coiffer où s’essuyer les cheveux permettent d’accomplir naturellement et spontanément des gestes qui participent à votre rééducation.

D’autres situations vont aussi pouvoir vous aider

Enfiler et retirer un tee-shirt ; faire son lit ; étendre le linge et le ranger dans d’une armoire.

Avant de vous lancer ou de redémarrer une pratique sportive, il est recommandé de demander conseil à votre médecin ou à votre kinésithérapeute.

Certaines disciplines comme le tennis et le golf ne peuvent être reprises qu’après avis médical.

Dans la pratique de la randonnée, vous utilisez un sac à dos léger et confortable en évitant si possible le frottement répété des bretelles sur le sein traité.

Si vous devez suivre un traitement de radiothérapie faire attention à utiliser pour votre toilette un savon neutre, à ne pas utiliser des produits contenant de l’alcool, à porter des vêtements en coton pendant le temps de l’irradiation et après le traitement, tant que le sein reste rouge et chaud.

Ces quelques règles de vie relèvent du bon sens. Elles vous permettront de retrouver progressivement la liberté de réaliser toutes vos activités préférées en évitant la survenue de complications.

Auteur :

Source : Institut Curie - Service de réadaptation fonctionnelle- Juillet 2008