"Cancers du sein : suivi, thérapies orales, lien ville hôpital" - Octobre Rose points clés et replay du 10 10 2023

« Cancer du sein : Lien ville-hôpital et nouveaux rôles des pharmaciens pour un suivi coordonné »

De plus en plus de patientes atteintes d’un cancer du sein sont soignées par des traitements oraux, délivrés par les pharmaciens d’officine. Ce virage ambulatoire suscite beaucoup de questions et d’appréhension. Le pharmacien connaît-il bien ces traitements ? Aura-t-on le même niveau d’accompagnement qu’à l’hôpital ? Pour répondre à ces questions, Patients en réseau a organisé une webconférence à l’occasion d’Octobre Rose, qui donne la parole au Dr Jérôme Martin-Babau, oncologue à l'hôpital privé des Côtes d'Armor et au Dr Julien Gravoulet, pharmacien en Meurthe-et-Moselle. Ils nous expliquent comment fonctionnent ces traitements, quels sont leurs effets indésirables et comment s’y préparer, et également comment les médecins hospitaliers et les pharmaciens de ville collaborent pour un suivi coordonné des patientes.

L’hormonothérapie par voie orale est prescrite en général après la chirurgie, la chimiothérapie et les rayons. L’espoir de la patiente est alors de tourner la page et de reprendre une vie ‘normale’. « Mais c’est un autre marathon qui commence et qui va durer 5 à 10 ans en fonction des situations, souligne le Dr Jérôme Martin-Babau. Notre préoccupation est d’accompagner au mieux la patiente pour qu’elle aille au bout de la durée de la prescription ». Car le fait d’interrompre ses traitements ou de ne pas les prendre régulièrement induit une surmortalité. « Une étude sur 6 000 patientes sous hormonothérapie a montré que les patientes qui avaient suivi leur traitement de façon régulière avaient un taux de survie de 82%, alors qu’il chutait à 77% pour celles qui n’avaient pas été observantes », indique l’oncologue.

Se préparer avant la prise du traitement oral

Mais il n’est pas toujours facile de poursuivre l’hormonothérapie, car elle peut induire de la fatigue, des douleurs articulaires, des diarrhées, une légère prise de poids et un petit ralentissement sur le plan cognitif. « Il est donc important de s’y préparer, souligne le Dr Martin-Babau. J’incite les patientes à reprendre une activité physique régulière, à équilibrer leurs repas et à traiter les douleurs qui traînent, avant le début de l’hormonothérapie, puis après. Il est également nécessaire de faire le point sur le plan cognitif : la chimiothérapie a-t-elle eu un impact sur mes capacités de concentration, de mémoire ? Ai-je des difficultés de lecture ? Cela permet de faire des comparaisons et de savoir si les difficultés ressenties sont en lien avec l’instauration du traitement hormonal ».

Pour certaines patientes plus fragiles et isolées, l’équipe du Dr Martin-Babau propose un soutien psychologique, ainsi qu’un suivi coordonné (AKO@dom) pendant 3 mois par des infirmiers et des pharmaciens de ville. L’infirmier libéral se rend au domicile de la patiente. Il dispose d’une application et d’une plateforme sécurisée grâce auxquelles les informations collectées sont échangées avec la pharmacie de ville et l’équipe médicale à l’hôpital. Ce suivi améliore les connaissances de tous les acteurs impliqués et rend les décisions de l’oncologue plus pertinentes.

Des entretiens pharmaceutiques pour améliorer l’observance 

Ce type de suivi coordonné est également en expérimentation dans le grand Est, dans le cadre du projet PICTO (Pharmaciens en Interventions Coordonnées pour le suive des Thérapies Orales anticancéreuses). « Deux types de parcours sont proposés. L’un dit appuyé, qui fait appel à un infirmier à domicile, et l’autre dit standard, qui repose sur le pharmacien d’officine », précise le Dr Julien Gravoulet. 

Ces suivis coordonnés ont 4 objectifs :

  • détecter et prendre en charge plus précocement les effets indésirables
  • favoriser l’adhésion du patient au traitement
  • contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des patients
  • conduire progressivement vers une plus grande autonomie (gestion du traitement, des effets indésirables, …)

Lors du parcours standard, le pharmacien propose 4 entretiens de 20 à 30 minutes, menés dans les espaces de confidentialité de l’officine. Après chaque entretien, il rédige un compte-rendu, qu’il transmet à l’oncologue hospitalier et au médecin traitant, via une plateforme numérique. Des outils pédagogiques, comme des jeux de cartes, sont utilisés pour faciliter l’échange avec le patient. « L’établissement hospitalier informe les malades de ces entretiens pharmaceutiques, précise le Dr Gravoulet, ce qui identifie le pharmacien comme un véritable acteur dans le suivi du traitement, d’où une meilleure acceptation. En effet, ces dispositifs ne sont pas suffisamment connus des patients, qui ne sont pas habitués aux nouveaux services proposés par les pharmaciens d’officine ».

Au-delà de cette expérimentation, les pharmacies de ville peuvent proposer depuis 2020 trois entretiens pharmaceutiques aux patients sous traitements anticancéreux oraux. Alors si votre pharmacien ne vous en parle pas spontanément, n’hésitez pas à le solliciter, ces entretiens sont gratuits !

 

Vous êtes sous hormonothérapie après les traitements d'un cancer du sein localisé ?

Vous recevez une hormonothérapie associée à une thérapie ciblée orale pour un cancer du sein métastatique?

Vous allez chercher vos traitements chez votre pharmacien d'officine et votre suivi se fait entre oncologue et médecin traitant?

Le lien "ville hôpital" est crucial pour que les patientes et les patients se sentent accompagnés, informés, suivis, en sécurité.


Retrouvez notre webconférence du 10 ocobre avec : 

  • Dr Jérôme Martin-Babau - Oncologue, Hôpital privé des Côtes d'Armor
  • Dr Julien Gravoulet - Pharmacien, Leyr

Ce programme a été proposé par notre association Patients en réseau et Dis-Moi Santé

Ce programme a été rendu possible par le soutien institutionnel de : Astra Zeneca, Lilly, Novartis, Pfizer, Roche, Veracyte

Auteur : Sandrine Chauvard

Source : Patients en réseau et Dis moi Santé