"Cancer du sein : parcours et innovations en radiothérapie" - replay & points clés de la webconférence LinK sein du 23 05 2024

« Cancer du sein : parcours et innovations en radiothérapie »

La radiothérapie est un des traitements majeurs du cancer. Ces 15 dernières années, les progrès se sont accélérés avec des appareils de plus en plus précis et des séances moins nombreuses.  Ce traitement soulève de nombreuses questions parmi les patients, auxquelles répondent deux spécialistes de Gustave Roussy, le Dr Sofia Riviera, oncologue radiothérapeute, chef de service de radiothérapie, et Nadja Douir, manipulatrice en radiothérapie, lors d’une webconférence organisée par Patients en Réseau.

La radiothérapie, qu’est-ce que c’est ?

Et bien c’est un traitement qui nous fait un peu peur ! On se demande de quoi s’agit-il exactement ? Est-ce nocif pour notre corps ? Est-ce radioactif ? Voici donc quelques explications : « Dans la majorité des cas, la radiothérapie est externe, précise le Dr Sofia Riviera. Elle est réalisée grâce à un appareil, qui est un accélérateur linéaire de particules ».  Bon, il va falloir ici se rappeler quelques notions de physique…. Cet appareil utilise un champ électromagnétique, qui va générer des électrons et des photons. Il produit ainsi des faisceaux d’énergie, que l‘on va envoyer sur la zone à traiter

Ces faisceaux provoquent des cassures des brins d’ADN. « Les cellules cancéreuses se multiplient très rapidement et n’ont pas le temps de se réparer, explique le Dr Riviera. Elles accumulent ces cassures et meurent, contrairement aux cellules normales qui, elles, ont le temps de se réparer. Donc la radiothérapie endommage surtout les cellules cancéreuses, et beaucoup moins les cellules saines ».  La bonne nouvelle, c’est que cet appareil ne contient plus de source radioactive.

Comment se déroule le traitement ?

Avant le début des séances, des explications sont données au patient lors d’une consultation avec l’oncologue et également lors d’une consultation paramédicale, avec un manipulateur en radiothérapie. Un examen par un scanner dosimétrique est ensuite réalisé. « C’est un scanner de simulation et non diagnostique, insiste le Dr Riviera. Il est très important car il définit la position précise du patient au moment de la radiothérapie ». Vous sortirez donc de cet examen avec de jolis traits de peinture ou un tout petit tatouage, mais c’est pour éviter que les rayons ne soient envoyés au mauvais endroit !

Viennent ensuite les séances de radiothérapie, et là le manipulateur radio joue un rôle majeur. « Nous procédons à l’installation du patient et vérifions que sa position est bien conforme à ce qui a été prévu au moment du scanner », explique Nadja Douir. Les séances durent environ quelques minutes. Dans certains cas complexes, elles peuvent durer 40 à 50 minutes. « Ces séances sont indolores, insensibles et incolores, souligne le Dr Riviera. Elles ne nécessitent pas de piqûres, ni aucun geste invasif. L’appareil tourne autour du patient, sans jamais le toucher ».

Souvent, les patientes ont subi une chirurgie du sein avant la radiothérapie, et elles peuvent avoir des difficultés à lever le bras. D’où l’importance de suivre des séances de kinésithérapies avant, et pendant le traitement, en s’adressant à des kinésithérapeutes spécialisés dans la prise en charge du cancer du sein. Il n’est pas toujours facile d’en trouver et l’annuaire du Réseau des Kinés du Sein peut être d’une grande utilité !

Quelles sont les précautions à prendre ?

Au moment des séances, voici les précautions permettant de réduire les effets secondaires : 

  • Ne pas mettre de crème avant les séances
  • Eviter les déodorants du côté traité
  • Utiliser un savon surgras sans parfum
  • Ne pas porter de soutiengorge, ou alors sans armatures
  • Porter des tissus 100% coton quand ils sont au contact de la peau
  • Ne pas s’exposer au soleil
  • Ne pas prendre de bains de piscine ou de mer

Des appareils de plus en plus sophistiqués

« Les appareils de radiothérapie, c’est comme si on comparait une 2 CV à une Ferrari. La 2 CV ne tombe pas en panne, c’est du matériel tout simple. La Ferrari c’est très technique, sophistiquée et beaucoup plus sûr en cas d’accident, observe le Dr Riviera. Nos machines sont extrêmement précises, techniques et sécurisées, mais cette haute technicité a un prix. Elle implique de nombreux contrôles. Or si un paramètre sort du niveau toléré, tout l’appareil est bloqué ! C’est ce qu’on appelle une panne machine, qui chamboule tous nos plannings de rendez-vous. Il ne faut pas voir ces pannes comme un manque de fiabilité, mais au contraire comme un gage de sécurité, car elles sont liées à la sophistication des appareils et aux très nombreux contrôles ».

D’importants progrès ont été réalisés au niveau technique en termes de précision, ce qui permet une meilleure protection des tissus sains. Certains appareils permettent aujourd’hui de traiter de toutes petites lésions à côté de structures à risque, comme des métastases cérébrales.

Des séances de moins en moins nombreuses

Les pratiques ont largement évolué depuis 15 ans. Toutes les patientes étaient alors traitées avec 25 séances sur 5 semaines, alors qu’aujourd’hui elles le sont avec 15 séances sur 3 semaines, pour la même efficacité. C’est ce que l’on appelle l’hypo-fractionnement.

Deux études anglaises ont même montré qu’un protocole de 5 séances sur 5 semaines, et un autre de 5 séances sur une semaine, présentait une efficacité équivalente comparé aux protocoles actuels, et cela avec 10 ans de recul. 

En France, plusieurs centres comme Gustave Roussy ont mis en place la radiothérapie en 5 jours, mais uniquement pour certaines patientes. « Les consultations médicales et paramédicales ont lieu le lundi matin, les examens comme le scanner dosimétrique sont réalisés dans la foulée, et la première séance de radiothérapie peut commencer l’après-midi même. Puis les patientes suivent une séance par jour jusqu’au vendredi », indique le Dr Riviera.

Moins de séance, c’est moins de fatigue et moins d’effets secondaires. A ce propos, terminons cet article avec LA question qui revient très souvent : faut-il aller voir un coupeur de feu pour soulager les brûlures liées à la radiothérapie ? « Si cela peut faire du bien pourquoi pasestime le Dr Riviera. Il n’existe pas de démonstration scientifique en faveur, ni en défaveur des coupeurs de feu. En tout cas, il n’y a pas de contre-indications car ils ne donnent aucun médicament et leur intervention n’a pas d’interaction avec les rayons ». Couper le feu est un don transmis de génération en génération, qui ne se fait pas payer. C’est là un bon moyen de reconnaître les charlatans !

Retrouvez le replay de notre webconférence Link du 23 mai 2024 "Cancer du sein : parcours et innovations en radiothérapie" avec nos invités : 

  • Dr Sofia Rivera : oncologue radiothérapeute à Gustave Roussy, Villejuif 
  •  Najma Douir, manipulatrice en radiothérapie à Gustave Roussy, Villejuif 

Notre programme LinK est rendu possible par le soutien institutionnel de Gilead, Lilly, Pfizer, Roche

LinK sein est un programme proposé par notre association Patients en réseau et Dis-Moi Santé . Abonnez-vous à notre chaîne Youtube! Découvrez et soutenez notre association Patients en réseau https://www.patientsenreseau.fr

Article rédigé par Sandrine Chauvard suite à la webconférence du 23 mai 2024

Auteur : Sandrine Chauvard

Source : Patients en réseau et Dis-moi Santé